Les relations entre l’Ukraine et les partenaires européens ont connu une mutation profonde et une accélération rapide depuis l’agression militaire de la Russie contre son voisn ukrainien le 24 février 2022. Le sommet organisé à Kiev ce vendredi 03 février, à quelques jours de la date d’anniversaire d’une année de guerre, fut l’occasion propice pour les européens de réaffirmer leur soutien indéfectible à l’Ukraine.
En effet, dans le cadre du sommet UE-Ukraine organisé à Kiev le 03 février 2023, l’Union européenne (UE) a réaffirmé son soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation. Ce sommet intervient au lendemain de la rencontre de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, avec le gouvernement ukrainien le 02 février 2023. Au menu des discussions : l’aide européenne d’urgence et la préparation de la reconstruction de l’Ukraine sont les deux points majeurs abordés durant ce sommet.
La poursuite de l’aide européenne en faveur de l’Ukraine
Depuis maintenant une année que l’Ukraine subit l’offensive russe, l’Union européenne s’est, quant à elle, débrouillée pour demeurer fidèle à son discours qui consiste à employer tous les moyens pour empêcher Poutine de gagner la guerre. Le même discours est maintenu et entretenu par les Etats-Unis (USA) dont les services de sécurité comme la CIA estiment que les six prochains mois seront très décisifs dans le déroulement de la guerre. A ce titre, les européens et leur allié américains comptent intensifier leur soutien vis-à-vis de Kiev. C’est dans cette dynamique que le président Joe Biden a déclaré que les USA apporteront dans les jours à venir à l’Ukraine une aide estimée à hauteur de 2,2 milliards de dollars américains. Une somme faramineuse qui vient alourdir le bilan financier de cette guerre qui dure déjà depuis une année.
On estime l’aide européenne depuis le début de cette guerre à près de 50 milliards euros. Pourtant, les dépenses liées à cette guerre sont loin de se limiter là quand on sait que celle-ci risque d’être longue dans le temps. Ce qui n’est pas sans risque bien évidemment pour l’Ukraine et ses partenaires européens à plusieurs égards. Dans ce sens, le premier risque pourrait être l’épuisement des stocks d’armes des Etats européens comme la France ou encore l’Italie qui, jusqu’ici, puisent dans leurs stocks des munitions pour soutenir Kiev. Ensuite, un second risque pourrait être bien évidemment un essoufflement de l’armée ukrainienne qui, à tout point de vue, semble être dans une posture défavorable dans les rapports de force militaire avec la Russie. Face à ses risques, l’Union européenne par la voix d’Ursula Von der Leyen, semble vouloir mettre en place tous les moyens (financier, militaire et juridique) pour stopper l’avancée de l’armée russe dans le territoire ukrainien.
La question de la reconstruction de l’Ukraine
Plus qu’un slogan, lorsque la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen déclare « Votre destin est notre destin » à Kiev, c’est une manière pour elle de faire comprendre à Volodymir Zelenski que les européens partagent le même objectif que lui dans cette guerre ; c’est-à-dire, mettre Poutine en échec. Toutefois, au-delà de la reconquête du territoire ukrainienne dont près de 20% est actuellement sous contrôle de l’armée russe, il importe de penser également à la reconstruction de ce pays dont les plus grandes villes ont servi de théâtre d’opération.
En effet, les principales villes de l’Est de l’Ukraine sous occupation actuelle de la Russie devront être complètement reconstruites. Des agglomérations comme Kherson, ou encore Bakhmut en passant par Zaporijjia ou encore Donetsk auront besoin d’être reconstruites pour permettre d’y installer les conditions favorables et indispensables à la vie en communauté. Tout manque actuellement à ces grandes villes qui se sont presque totalement dépeuplées de leurs populations en l’espace de 12 mois d’offensives russes. L’eau, l’énergie, les lignes de télécommunication ainsi que les voies routières et ferroviaires constituent autant d’infrastructures à refaire. Inutile de mentionner combien cela pourrait s’avérer salé en terme de dépenses financières tant pour l’Ukraine que pour les partenaires européens. Il faudra peut-être penser, le moment venu, à un plan de financement costaud à l’image de ce que l’Europe a bénéficié des Etats-Unis d’Amérique à la suite de la seconde guerre mondiale (1939-1945) connu sous le nom de « plan Marechal ».
Face à ce grand défi de reconstruction de l’Ukraine, le président Volodymir Zelenski plaide de toutes ses forces pour que la Russie puisse contribuer à l’effort de reconstruction. Pour le moment, on ignore comment l’UE souhaite s’y prendre en obligeant la Russie de participer financièrement à l’effort de reconstruction de l’Ukraine. Par contre, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen n’a pas manqué, à l’occasion de ce sommet UE-Ukraine, de rappeler que de nouvelles sanctions économiques et financières sont en cours de préparation à l’encontre de la Russie. Sauf que, jusqu’ici, au regard de l’évolution de la situation sur les théâtres d’opération, on peut en toute objectivité se questionner sur l’efficacité de ces sanctions économiques en tant que mesures de contraintes.
Ballan DIAKITE, Politiste.