« Le commandant en chef » du mouvement souverainiste Yéréwolo débout sur les remparts, Adama Ben Diarra dit Ben le Cerveau a été condamné, le vendredi par la justice malienne, à deux (2) de prison ferme et un an avec sursis. Cela survient suite à des propos hostiles jugés « attentatoire au crédit de l’Etat » qu’il a tenus lors d’une intervention sur le plateau d’une radio. En tant que soutien fervent de la transition, cette condamnation expose toute la profondeur du divorce entre les militaires et le mouvement Yéréwolo, bras civil de la transition.
Quelques heures après son interpellation, le leader du mouvement Yéréwolo débout sur les remparts, Adama Ben Diarra dit Ben le Cerveau a été condamné le vendredi 8 septembre dernier à deux ans de prison ferme et un an avec sursis. Le délibéré est prévu pour le jeudi prochain, nous apprend une source judiciaire.
En désaccord depuis quelques mois en coulisses sur la nouvelle trajectoire de la transition, c’est à dire, une possible prorogation de la transition, selon les termes de certains militants du mouvement, ce procès vient de lever le doute sur le divorce entre les autorités de la transition du Mali et une partie de la société civile qui les a soutenus face toutes les pressions de la France et de la communauté internationale.
Admis au-delà d’une simple analyse de la surface, le malaise semble beaucoup plus profond. Un conflit de positionnement poste transition dira certains observateurs d’autant plus que la fin de la transition est prévue normalement en février 2024. Contrairement à son statut d’organisation de la société civile, comme le perçoit beaucoup de gens, Yéréwolo debout sur les remparts semble être un mouvement politique, selon ses propres termes qui ne veut plus rester en marge de la gestion des affaires publiques. Lors d’une consultation des partis politiques sur la question de prorogation de la transition dont il a pris part, des responsables de Yéréwolo débout sur les remparts ont souligné avoir mis en garde contre toute ambition de proroger une nouvelle fois la transition.
Ensuite, tout comme la plupart de la classe politique, le discours de grandes promesses du président de la transition, le col. Assimi Goïta en juillet dernier a Kayes, a été également perçu par Yéréwolo débout sur les remparts comme une annonce de candidature en réponse à certains collaborateurs proches de Koulouba. Une hécatombe pour Yéréwolo débout sur les remparts qui exposera encore plus le Mali à d’autres sanctions économiques plus contraignantes de la Cédeao et de la communauté internationale.
Depuis, le mouvement Yéréwolo ne cache pas ses muscles comme acteur ayant pu de mettre au dehors de Mali, la France et l’ensemble des forces étrangères. Justement, conscient de cette capacité de mobilisation hors pair de dresser le peuple contre la transition, surtout dans le contexte actuel ou de nombreuses voix s’élèvent contre la cherté de la vie et l’insécurité persistante dans certaines localités du pays, les militaires se sont sentis en danger et l’obligation d’anticiper la menace.
Une menace encore prise au sérieux après le voyage de quelques membres de Yéréwolo débout sur les remparts en Liban lors duquel ils ont rencontré des acteurs de Hezbollah. Une organisation crainte par l’ensemble de la communauté internationale.
Il faut noter que parallèlement à cela, Yéréwolo avait également mis une réserve à la décision des autorités de la transition de soutenir militairement le Niger en cas d’intervention de la Cédeao pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays.
Ce divorce entre Yéréwolo et la transition est certes déplorable dans la mesure où ce sont eux qui ont en toute complicité entraîné l’ensemble du peuple malien dans cette situation de crise, mais c’est la règle du jeu. « Dans une guerre, on tire le premier ou on se fait tirer dessus » se rappelle-t-on. Entre le mouvement Yéréwolo débout sur les remparts et la transition, qui lâche qui au final ?
Issa Djiguiba, journaliste à L’Analyse de la semaine